“On ferme les portes, faute d’avoir trouvé un bon business model”. Trois fois en trois mois, j’ai lu ces mots venant de business que j’avais vus naître et suivis d’un oeil intéressé.
D’un côté, le copain FrenchTeuch et ses Tshirts garantis “Vulgarité payante”, de l’autre BonjourBonjour, un réseau social qui promettait “Des rencontres, des vraies”. Et hier, un mot du fondateur de SayFat, des Tshirts ambiance street food, lui permettait de tirer sa révérence en expliquant pourquoi il mettait un terme à l’aventure.
Si j’en parle avec légèreté, c’est parce qu’avant eux, moi aussi j’ai réussi à bien planter ma première société, Le Piège A Filles. Je pense qu’on a tous commis les mêmes erreurs marketing : un mauvais ciblage, et un mauvais business-model…
Quand on crée son business, on a tendance à se dire : “Les gens vont adorer c’est sûr, on va faire des RP et ça va se vendre, ça va prendre, c’est sûr…”
Les leçons de l’échec business du Piège à Filles
On connaît souvent mal le marché sur lequel on se lance. Allez, je commence par mon cas. Quand je commence à étudier le marché du coaching en séduction en 2009, je regarde ce qui existe en ligne et sincèrement, je me marre. C’était d’une laideur…
Artdeseduire était déjà leader avec un site moche comme j’en avais rarement vu. Et je ne voyais aucune offre de coaching, je me demande comment il pouvait vivre… Les poursuivants n’étaient pas vraiment beaux non plus, ça parlait bien trop franglais à mon goût, d’où un choix stratégique avec les copains de designer un site beau, classe, où je parlerais uniquement français pour conter la séduction et ses manoeuvres.
Je vendrais des offres de coaching belles, sur-mesure, je proposerais des packs avec des noms sympas et français (retrouvés plus tard dans la communication du Slip Français qui fait un beau boulot de com’, vraiment).
Je me suis dit qu’en assurant un peu de RP à la télé, les coups de fil et les réservations de coaching allaient pleuvoir. Que nenni. A peine des pointes de connexion sur le site pendant les passages télé. Mauvaise technique. J’ai mal ciblé mes lecteurs, mes clients… et le business plan du coaching ne tenait pas suffisamment la route. J’ai oublié le nerf de la guerre : l’argent ! Next !
Pas si grave… Une bonne expérience qui m’a permis de rencontrer le fondateur d’Artdeseduire et de vivre à date ma plus longue expérience professionnelle ! Rien ne se crée, rien ne se perd…
L’échec business de French Teuch : trouver le cash !
French Teuch c’était drôle. FrenchTeuch faisait des Tshirts à messages un peu “différents”. Oui, un peu vulgaire, c’est vrai, voire COMPLETEMENT vulgaire mais assumé. Un positionnement ultra-audacieux en cette période de retour à l’ordre moral. Lors du lancement, on avait bu des canettes de sperme, c’est vous dire… (Non maman, pas du vrai sperme, enfin !)
Si je réfléchis sur le modèle de French Teuch aujourd’hui, c’est aussi parce qu’un de mes étudiants de l’EEMI avait décidé de présenter la stratégie social media devant toute la classe : ça change des classiques héros comme Red Bull, Coca-Cola, Oasis !
Le souci des Tshirts à message, c’est qu’on ne compte même plus le nombre de marques qui se lancent chaque semaine. Un vrai marché saturé, où il est dur de trouver une bonne visibilité.
Le fondateur de French Teuch explique les défis auxquels il a été confronté dans le post suivant : La marque French Teuch s’arrête. Faire du cash, trouver des fonds pour lancer la suite. L’illusion des soirées faciles, qui prennent en réalité un temps fou à organiser.
Organiser des soirées ne requiert pas que du temps, mais aussi une vraie énergie. C’est simple : à la fin, tu finis vidé, KO, et il devient dur de bosser sur un autre projet, comme créer de nouveaux modèles, trouver de nouveaux revendeurs…
On souhaite bien du courage à French Teuch pour la fin de l’aventure, en mode feu d’artifice !
Echec de ciblage et Au Revoir Au Revoir pour BonjourBonjour
J’ai fait de belles rencontres avec BonjourBonjour (coucou vous…) Je trouvais le concept intéressant, mais comme souvent, pas de vraie différenciation avec d’autres sites de rencontres qui pouvaient déjà exister. Une appli de rencontres géolocalisée pour voir qui est aux alentours : déjà vu, non ?
Quoi de différent par rapport à ASmallWorld ? A Tinder ou Happn qui débarquaient sur le marché peu après ? Pour en avoir touché deux mots avec le fondateur Rasmus Mischau un jour, un vrai souci de positionnement et de mission. Ça fait partie des deux trois feuilles placardées sur les murs chez Artdeseduire : la mission.
- A quoi sert-on vraiment ?
- Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons au quotidien ?
- Comment remplissons-nous un besoin vital au quotidien ?
- Qui est-on ?
Chez BonjourBonjour, on avait clairement l’impression d’être sur un site de rencontres, mais qui n’assumait pas son positionnement.
CF cette semaine, la battle de tweets entre Tinder et une journaliste. Tinder assure que seuls quelques utilisateurs sont là pour faire des rencontres amoureuses, là où la journaliste n’y croit pas du tout. S’en suit une bataille de chiffres, et une discussion sur l’éthique journalistique. Alors qu’il aurait été si simple d’assumer et de dire “Oui, on est une appli où beaucoup d’utilisateurs sont là pour le sexe.”
Le vrai point qui m’intéresse là-dedans, c’est le fait d’assumer son positionnement. Quand j’en ai parlé avec Rasmus en 2012, lui expliquant que chez Artdeseduire, nous avions énormément de lecteurs masculins, qui pourraient être intéressés par son app, il m’avait dit à demi-mot qu’il ne voulait pas que ça se transforme en site de rencontres traditionnel. Il ne voulait pas de drague lourde (ce qui se comprend, quand on est sur un positionnement premium avec SayWho par exemple).
Au final, BonjourBonjour n’a jamais trouvé son public. Sniff sniff. Malgré la chouette newsletter qui nous présentait un membre du réseau par semaine.
Clap de fin pour SayFat et ses Tshirts Street food
Un post à lire dans son intégralité ici. Sayfat, c’était des Tshirts street food !
Joseph Ayoub, serial entrepreneur y raconte l’échec de SayFat, son entreprise. Les deux points qu’il identifie comme points noirs et cause de son échec : le manque d’implication tout d’abord, la peur de réussir aussi. Il admet ne pas avoir fait tout ce qui était en son pouvoir. La demi-mesure, dans le business, ça se paie cash. Soit on s’investit à fond, soit on se crame à petit feu. Les Américains diraient “Go Big or Go Home !”
Mais ce que je retiens surtout de cet échec commercial, ce sont les leçons qu’il en a tiré. Lui et son équipe. En avant, toujours, pour créer de nouvelles entreprises plus performantes. Ils ont tous progressé lors de cet échec qui ne fait que les préparer au succès pour leurs défis à venir.
C’est ce qu’on apprend à la #FAILCON, la conférence des entrepreneurs qui ont échoué. C’est ce qu’on apprend dans le coaching. L’échec est humain, souvent inévitable, presque souhaitable pour progresser. Ce qui n’est pas tolérable, c’est de ne pas essayer, et de laisser mourir une idée à petit feu.
Au boulot ! Je vous souhaite à tous un échec très formateur ! (ou la réussite, mais au fond, ce ne sont que les deux revers d’une même pièce)
Et encore mieux et plus complet : tout un site dédié à l’autopsie des start-ups qui se sont plantées. Merci Clément pour le partage ! http://autopsy.io/
Sélim, serial entreprenant
Il aurait fallu expliquer chaque site avant d’en parler …
Oui. Complètement.