J’ai eu la chance de prendre mes premiers cours de snowboard avec Anne-Flore Marxer, championne du monde de freeride en 2011. Sauf qu’on ne va pas se mentir !La pédagogie, ce n’est pas son fort et c’est bien normal : la championne franco-suisse monte sur les planches depuis qu’elle a un an, comment voulez-vous expliquer ce qui est naturel ? Comment expliqueriez-vous à quelqu’un comment respirer, tant c’est inné pour vous ?
Après quelques bonnes chutes sur les pistes de Cauterets, je lui ai posé des questions sur sa motivation et ses conseils de championne pour gérer son mental !
A voir pour comprendre le niveau d’Anne-Flore Marxer : la vidéo ci-dessous, qu’elle a réalisée !
Nous nous sommes rencontrés dans le cadre d’une opération pour le chauffe-mains rechargeable et réutilisable Zippo, le “handwarmer” de son petit nom anglais. Anne-Flore Marxer en est l’ambassadrice et j’ai profité de sa présence pour en savoir plus sur sa motivation. Et pour jouer avec le handwarmer !
Pour moi, la neige, la montagne, c’est l’inconfort, le froid, l’obligation de s’habiller plus pour transpirer plus. Mais ça, c’était avant les leçons de motivation d’Anne-Flore Marxer, la femme des neiges championne de freeride en 2011 ! Au final, elle a quand même réussi à me faire faire quelques virages, même si je me sens toujours un peu comme Zoolander : “I can’t turn left !”
La photo ci-dessous, ça va, je n’ai pas peur quand je vois la pente devant moi. Mais tourner le dos à la piste, j’ai encore un blocage mental… Anne-Flore, à la rescousse !
Comment tu te lèves le matin, un rituel en particulier ? Petit déj ? La motivation des champions au réveil, c’est quoi ?
La motivation avec un peu de musique et quelques pas de danse c’est toujours plus rigolo !
Pour le petit-dej en hiver c’est souvent porridge, banane et sirop d’érable… Ça réchauffe et ajoutez à ça une moitié de pamplemousse pour les vitamines et pour ne jamais tomber malade 🙂
Sinon il y a aussi la version salée avec tomate avocat graines de courge oeuf épinards et moitié de pamplemousse… Derrière je peux faire du sport toute la journée sans mourir de faim 🙂
Est-ce que tu prends du plaisir à aller rider juste comme ça, avec des amis, même s’ils n’ont pas ton niveau ?
Avec des potes TOUJOURS !! Peu importe le niveau, c’est bien plus rigolo que de rider avec la pression… Même si j’avoue qu’après quelques pistes, je vais vite avoir envie de rider avec de la vitesse et de les attendre en bas 🙁 Boom je suis pas cool comme fille 🙁
Est-ce qu’on arrive à apprécier les périodes sans compétition, sans record, quand on a été championne du monde ?
Pour moi, les résultats ça ne veut pas dire grand chose, c’était une étape réussie dans mon parcours de snowboardeuse, mais ce que j’aime c’est le grand air, la montagne, les voyages sur des pentes encore inconnues… et surtout repousser mes limites… et c’est plutôt ça mon problème… c’est qu’il m’est difficile d’apprécier le sport si ce n’est pour la progression…
Je me suis mise au surf des mers il y a quelques années… J’avais besoin d’un challenge sportif ou chaque étape était valorisante et apprendre à profiter aussi des moments simples, accepter d’être débutante pour tout prendre avec le sourire 🙂
Tu t’es inspirée de qui ? Tu as des modèles, des sportifs que tu voulais imiter, des athlètes que tu voulais dépasser ?
Je me suis toujours laissée inspirer par mon entourage proche, mon frère et mes amis… Puis de fil en aiguille mes amis étaient de plus en plus forts… Les filles qui rident fort me motivent énormément… Entre autre Marie-France Roy, Annie Boulanger, Victoria Jealouse, Nicole Angelrath, Aline Bock, Hana Beaman, Janna Meyen… sont toutes des snowboardeuses hors pair avec qui j’ai énormément de plaisir à rider…
Ce sont toutes des femmes géniales qui baignent dans la bonne humeur et qui repoussent les limites de notre sport… je suis vraiment fière d’elles et elles me motivent à toujours rider plus fort!
Comment tu fais pour maîtriser la peur ? La peur du vide, la peur de la chute, la peur de la mauvaise réception…
La peur est une alliée, elle nous permet de connaître nos limites… Je choisis chacune de mes courbes… Je les étudie et les mémorise au préalable et je sais toujours où je suis et où je vais… Je suis en contrôle et je n’ai donc pas peur. Quand la pente est raide ou sur un gros saut ce n’est pas de la peur, parce que je n’irai pas sans être persuadée de pouvoir y arriver, c’est de adrénaline et de l’excitation !
Un peu de tension qui force à la concentration et ça aussi c’est nécessaire… J’aime tellement repousser mes limites que ce plaisir et cette fierté personnelle ont pris le dessus sur le sentiment d’insécurité… C’est grisant et ça fait battre mon coeur…
Comment on envisage sa reconversion quand on est athlète de haut niveau ? C’est une chose à laquelle tu penses souvent ?
Quand j’avais 22 ans, j’ai réalisé que je n’aurai pas l’occasion de faire de grandes études, à cette époque je voyageais déjà énormément aux 4 coins de la planète et c’était une chance inouïe.
J’ai donc décidé d’apprendre le plus possible du milieu dans lequel j’évoluais… Je me suis impliquée à 100% dans le développement de produit, les campagnes de communication et les relations presse en étudiant comment le tout était organisé et pris en charge sur les gros événements autour de moi.
Depuis je monte des projets films de A à Z en équipe très restreinte. Imaginer un projet, en trouver le financement, le réaliser, le distribuer et en faire la promotion…
C’est un processus qui me permet d’accumuler une expérience professionnelle sur le terrain. Pour la suite je verrai le moment venu, la vie est pleine de surprises !
Ton meilleur souvenir en snow ?
Notre voyage au Groenland en bateau à voile et en splitboard. Navigant au milieu des icebergs qui venaient racler la coque de bateau. Des paysages somptueux, le tout à la carte et à la jumelle en autonomie complète.
Il suffit de grimper et de savourer la vue à l’infini de la mer et de la glace qui entremêlent, puis la descente jusqu’a l’eau avant de rejoindre le bateau au coucher du soleil. Le film sur notre voyage s’appelle SEDNA et est projeté dans toute l’Europe en festival de montagne 🙂
Pourquoi le snowboard et pas le patinage artistique ?
Parce que le snowboard était encore un sport libre, sans fédération ni entraînement ni prise de tête, ce qui a beaucoup changé depuis que le snowboard freestyle est un sport olympique, mais qui offre toujours cette dimension de montagne et de hors piste qui permet cette liberté qui m’est indispensable.
Ta plus belle rencontre sportive ?
Greg Long, surfeur de vagues gigantesques. Au-delà de ses compétences sportives complètement écrasantes et terrifiantes, c’est sa réflexion intellectuelle et spirituelle qui me touche énormément.
Un domaine, un endroit que tu recommandes aux débutants pour apprendre le snowboard ?
N’importe où, au soleil avec des copains et sur de la neige souple 🙂
Une cause qui te tient à cœur ?
Le cancer du sein touche 1 femme sur 8, autant dire que nous serons presque tous confrontés à cette maladie dans notre entourage proche. 10% des cancers sont génétiques et 90% sont directement liés à la qualité de vie que l’on mène : c’est sur ce point qu’il est important d’insister !
On peut agir et adopter un mode de vie plus sain, notamment au niveau de l’alimentation et des produits que l’on utilise en général. Je soutiens activement Keep A Breast, une fondation qui récolte des fonds pour la recherche contre le cancer du sein.
Keep A Breast fait de la prévention et de l’éducation avec une approche simple et ludique qui prône une hygiène de vie saine et active auprès des jeunes femmes souvent mal informées.
Un conseil de motivation pour ceux qui ont du mal à se lever le matin ?
Je dors sans rideaux, ce qui me force à me réveiller avec le soleil ! Du coup je fais plus de trucs pendant ma journée et le soir je tombe comme une mouche!
Un conseil de motivation pour ceux qui viennent de subir un échec ? Quand on voit les boîtes que tu prends, et à quelle vitesse tu te relèves, on se dit que tu dois bien gérer l’échec ! (Dans sa vidéo, la chute à 2’40 est folle!)
Haha l’échec j’aime pas ça !! c’est pour ça que je me relève vite pour réessayer, et ce jusqu’a ce que j’y arrive !! C’est ça le secret ! Un surplus de fierté personnelle et être têtue comme une mule ! Oui ce sont des traits de caractère charmants 🙂
Le meilleur conseil qu’on t’ait donné quand tu étais plus jeune ?
En snowboard?
1. Tombe pas !
2. Profite de chaque instant !
Comment tu gères ton ego quand tu es Anne-Flore Marxer et que tu n’as pas ce que tu veux ?
Hahahahha !! je trouve un autre moyen de l’obtenir 🙂
Question indiscrète : et la vie sentimentale des athlètes, c’est sportif aussi ?
Pas évident la vie sentimentale avec la distance ! Et forcément on est séduit par d’autres personnes passionnées et qui vivent à 100 à l’heure ! Mais les relations sentimentales n’ont l’air faciles pour personne, non?
Un sportif ou une sportive que tu aimerais rencontrer ?
Billy Jean King, championne de Tennis des années 60 qui a imposé l’équité sur les grands Chelems puis qui a fondé Women Sports Foundation qui se bat et améliore toujours plus les opportunités pour les femmes dans le sport.
Une vidéo que tu veux qu’on regarde ?
Un film de grimpe hilarant “China Jam”, qui mêle la montagne et l’expédition et qui est surtout très très drôle !!
Le mot de la fin de la championne ?
Un grand merci à tout ceux qui m’aident à vivre mes rêves aussi fous soient-ils… Un grand merci à mes partenaires Zippo, Sosh, Swatch, Peugeot, Racer Gloves, Buff, Blue Tomato et Alpina !
Merci Anne-Flore Marxer pour ces conseils de guerrière ! On descend les Champs Elysées en skate quand tu veux !
Haha avec plaisir!! je suis championne de la pizza !!
(Anne-Flore Marxer ne parle probablement pas du Pizza Pino des Champs Elysées mais bel et bien des brûlures qu’on se fait en skate.)
Sélim, cooooooool boarder (surtout sur PlayStation, dans la vraie vie, mon osthéo en rit encore)!
PS : évitez d’allumer votre handwarmer avec la flamme de votre Zippo dans le téléphérique, les “oeufs”. Une descente de 10 minutes avec l’alarme incendie, ça sert de leçon !
Bonnes fêtes à tous !