Le grand oral approche à grands pas : après deux années de votre temps investi en classes préparatoires, vous avez réussi les épreuves écrites et vous voici convoqué dans les écoles de commerce les plus prestigieuses de France.
Comment réussir votre oral dans une école de commerce ? Comment préparer votre épreuve orale pour intégrer une ESC sans (trop) stresser ? Je vous donne une liste de conseils pour vous préparer à répondre aux questions du jury…
Un bref avertissement : je vais m’appuyer sur mon expérience personnelle, mon tour de France des ESC en 2003 et mon expérience de jury et de président du jury lors des oraux d’admissibilité à l’ESC Grenoble.
L’oral en école de commerce : une épreuve académique ?
Oui et non… Lorsque vous avez réussi vos écrits, on estime que vous avez fait la preuve de vos connaissances encyclopédiques. Vous avez appris vos leçons, vous êtes capable de raisonner, de résoudre des problèmes, de synthétiser des documents.
Pour vous mettre en confiance, nous vous offrons 5 minutes d’échauffement sur un court exposé (géopolitique, économique ou débat autour d’une citation). Cela vous permettra de poser votre voix, de trouver vos repères : c’est l’échauffement. Vous êtes prêt pour l’oral à proprement parler !
L’épreuve orale qui fait peur : l’interview d’un membre du jury.
Pour statuer sur votre sort et vous accorder le sésame pour rejoindre l’ESC Grenoble en septembre, vous aurez trois membres du jury en face de vous. Un président, au milieu, qui avec l’aide de ses deux associés sera chargé de rendre son « verdict ».
Le jury est composé de membres de l’administration de l’école, d’anciens étudiants de l’ESC Grenoble et de professionnels de la région : nous avons tous des points de vue différents. Nous avons une grille de notation commune, afin de nous assurer que tous les candidats seront jugés selon les mêmes critères, mais nos sensibilités diffèrent.
A Grenoble, cette deuxième partie de l’entretien dure 10 minutes, au cours desquelles vous allez devoir mener l’interview d’un des deux membres du jury (le président est exclu du jeu). C’est une épreuve complexe, et souvent mal comprise. Que devez-vous faire ?
Poser des questions à la personne en face de vous : professionnelles, personnelles, intimes, en lien avec ses études, sa famille, son job, vous avez carte blanche pour en apprendre un maximum sur le membre du jury que vous aurez choisi. L’objectif : à la fin des 9 minutes de questions, vous aurez une minute pour synthétiser votre démarche et expliquer au jury ce que vous avez essayé de faire, quelles infos vous avez voulu obtenir et quels résultats vous avez finalement atteints.
Pour vous donner une image simple, visualisez un entonnoir : partez du plus large, et laissez la conversation couler vers le plus spécifique pour arriver à la conclusion.
Lors de cette interview, on évalue votre capacité de discuter avec un adulte, un professionnel qui a des informations à vous transmettre. On juge votre curiosité et votre capacité d’écoute, votre capacité d’adaptation au cours de la discussion, et on termine par l’évaluation de votre capacité de synthèse.
A la fin de l’interview du membre du jury, le plus dur est généralement passé. Vous attaquez alors 15 minutes qui ne devraient être qu’une formalité, puisqu’on va parler de vous, de votre parcours, de votre motivation.
Quand on parle de préparation à l’oral, c’est véritablement le socle commun de toutes les écoles de commerce : qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Que voulez-vous ?
Toutes ces questions basiques se travaillent à l’avance, vous ne devez pas être désarçonnés par ce type d’interrogations.
Ne croyez pas que les jurys soient des tortionnaires sadiques : nous ne prenons aucun plaisir à vous voir souffrir si vous n’avez pas la réponse à nos questions. Notre objectif lors de cette dernière partie de l’entretien est de vous connaître, de sonder votre motivation.
Je vous propose un passage en revue des questions les plus fréquentes lors des oraux en école de commerce.
Qui êtes-vous ?
OK, c’est la plus dure. La plus compliquée des questions au monde. Tout le monde passe sa vie entière à essayer d’y répondre. Vous avez un avantage : vous êtes jeune ! Vous êtes encore « en cours de formation ». Vous êtes une éponge à apprendre, une envie d’apprendre sur pattes. Vous êtes jeune et ambitieux, vous avez l’avenir devant vous.
Vous pouvez donner la réponse standard : « Je m’appelle Jean(ne) Descartes, j’ai 20 ans, je viens des Yvelines et j’ai fait ma prépa à Ipesup »… « et je suis devant vous aujourd’hui pour intégrer l’ESC Grenoble… »
En tant que jury, on va chercher à répondre à plusieurs questions dans cet entretien qui durera 15 minutes. On va tester :
- Votre capacité à vous intégrer dans un groupe, votre capacité à trouver votre place dans cette école jeune et dynamique.
- Votre capacité à vous « vendre », à vous mettre en valeur. A CV quasi identiques, pourquoi vous démarquez-vous de Jeanne, de Malek, de Sylvain, de Fatou ou de Cheng.
On recherche les professionnels de demain, ceux qui seront le sang frais des entreprises dès 2017 ou 2018 : appréciera-t-on vos qualités humaines ? On se pose généralement cette question, quand à la fin d’une journée d’entretiens on doit rendre nos notes sur tous les candidats : « Quel est celui ou celle avec qui j’aimerais travailler ? Quel est le candidat avec qui on aurait pu passer encore une heure intéressante ? Quel est celui qui me donne envie de le prendre en stage ou de le recommander à des collègues ? »
N’oubliez pas une chose lorsque vous préparez votre entretien pour les écoles de commerce : un entretien, c’est de la communication. C’est une balle de ping-pong qui va et vient entre vous et nous : nous rebondissons sur vos expériences, sur vos histoires pour vous poser de nouvelles questions, mais VOUS avez le pouvoir d’envoyer les premières balles où vous le souhaitez !
Je m’explique : un candidat « standard », qui ne prend aucun risque, on va être obligé d’aller le chercher, de le pousser à sortir des sentiers battus. On a envie de comprendre ce qui le rend unique et précieux pour notre école. On va peut-être tenter de le désarçonner en switchant en anglais, en espagnol ou en allemand en fonction de son CV. On va lui demander de nous parler de son pire défaut (la question qui fâche… mais à laquelle il faut être préparé. Un conseil : oubliez perfectionniste et exigeant), de son plus grand échec à ce jour.
On a une réserve inépuisable de gentilles questions qui vous obligeront à être vous-même. Oubliez votre préparation aux oraux d’école de commerce un instant : nous savons que ce moment est pour vous l’aboutissement de deux ans de sacrifice, de dur labeur, de souffrances parfois.
Nous le savons, nous sommes passés par là. Vous avez carte blanche pour être vous-même. Pour donner le meilleur de vous-même. Prenez les commandes, guidez cet entretien autant que possible.
J’ai encore un conseil à vous donner pour ces oraux, valable dans presque toutes les écoles de commerce. On va forcément vous poser la question « Pourquoi l’ESCP, l’ESSEC, l’EM Lyon, l’ESC Grenoble ? » On a besoin de sentir votre motivation, réelle si possible. A notes égales, on préfèrera sélectionner le candidat le plus motivé par sa future école.
La seule école de commerce en France pour laquelle vous n’avez pas besoin d’être créatif en termes de réponses, c’est HEC. La meilleure, basta. Pour les autres, il va falloir être un peu plus rusé. Un bon conseil : ne mentez pas.
« J’ai vu un Envoyé Spécial sur la jungle des écoles de commerce et j’ai été séduit par l’image de l’ESC Grenoble [le documentaire commence à 39’30] » est une réponse possible…
Vous avez tous vos raisons de choisir l’ESC Grenoble : renseignez-vous au préalable ! Le staff ESCapade, la brigade d’étudiants de première année qui vous accueille est là pour vous renseigner avant vos oraux.
Ils vous expliqueront les parcours disponibles à l’école, vous feront découvrir la ville et vous parleront de leur expérience en première année : quand un étudiant né en 1992 ou 1993 vous parle, il le fera probablement mieux qu’un vieux membre du jury né en 1983…
Sur ces questions générales, soyez prêts : nous vous jugerons sur les efforts fournis pour vous renseigner. Maintenant, votre vraie mission pour ces oraux d’école de commerce, c’est de travailler VOTRE personnalité.
A vous de nous donner envie !
Dernier conseil, celui qui fait souvent rager les candidats les plus originaux : le dress code pour passer des oraux en école de commerce.
Certes, nous vous évaluons sur votre personnalité… mais on ne veut pas la voir s’exprimer dans vos vêtements !
Il y a une explication simple. Non, nous ne voulons pas des clones, des candidats tous standardisés. Si nous demandons aux candidats de se présenter en costume cravate et aux candidates de se présenter en tailleur, c’est pour nous concentrer sur votre personnalité.
Ce vêtement professionnel nous permet de faire abstraction de votre look pour concentrer notre attention sur vos propos, vos réponses. Je dois vous faire un aveu : parmi les membres de l’administration, les membres du jury et les présidents, certains souffrent aussi en costume, en plein été. C’est un signe de respect pour vous : nous accordons de l’importance à votre candidature, nous vous recevons dans nos plus beaux habits.
Même si certaines grandes entreprises, parmi les plus profitables au monde, commencent à tolérer des dress-codes plus créatifs, les entretiens en école de commerce restent fidèles à une certaine tradition vestimentaire. Ne vous faites donc pas remarquer pour de mauvaises raisons : jouez le jeu !
J’espère que ces quelques conseils vous seront utiles pour préparer vos oraux en école de commerce, je publierai bientôt ici les conseils complémentaires d’un ami qui aide les étudiants en classes préparatoires à aborder l’exercice du face-à-face tant redouté !
Retrouvez davantage de conseils pour préparer vos oraux d’école de commerce ici.
Bon courage à tous !
Sélim Niederhoffer, ESC Grenoble, promo 2007 !