Messieurs, ce message ne s’adresse pour une fois pas à vous. J’ai décidé d’écrire pour une amie qui m’a demandé quel parfum féminin je pouvais lui conseiller pour Noël. Ses exigences olfactives sont simples : « un parfum qui donne envie de baiser ». Ça a le mérite d’être clair, et la mission me convient parfaitement.
Je n’ai jamais vu le parfum différemment. Si vous voulez simplement sentir bon, douchez-vous, ça devrait suffire. Choisir son parfum est un processus qui prend du temps, sauf si on décide de bâcler le travail. Il faut l’essayer (jamais plus de 2 à la fois, 4 maximum si vous êtes habituée, intérieur et extérieur des deux poignets). Il faut ensuite le porter toute une journée pour être séduite ou non par votre nouvelle odeur. N’hésitez pas à demander l’avis des mecs qui vous entourent si votre objectif est d’attirer le mâle.
Dans ma carrière abrégée de séducteur, certains parfums féminins ont retenu mon attention, ont su capter mon imaginaire et s’imprimer durablement dans mon cerveau reptilien.
Aujourd’hui encore, retiré du business du compliment olfactif trop facile pour moi, je ne peux m’empêcher de ressentir une envie animale quand je sens les 10 parfums féminins qui rendent fou.
Flower Bomb de Viktor & Rolf : un vieil ami, qui me rappellera toujours une soirée merveilleuse passée dans un appartement des Grands Boulevards. Encore aujourd’hui, je dois me retenir pour ne pas sauter sur toutes les porteuses de Flower Bomb.
Amour de Kenzo : j’aimais le flacon, j’aimais son odeur, j’aimais la fille qui le portait. Aujourd’hui, quand je le sens sur l’assistante d’un chanteur français très connu, j’ai envie de la prendre dans mes bras. Puis je me souviens qu’elle a l’âge de ma mère, mais quelle invitation au voyage !
Parisienne d’YSL : une amourette d’été, une légèreté qu’on croise encore en soirée avec joie. Le problème, c’est que je le confonds souvent avec Midnight Rose. On aime ou on déteste, mais ça ne laisse personne indifférent.
Insolence de Guerlain : là, c’est une histoire de famille, une bromance de qualité. Elle emplissait la maison de son odeur. Quand elle partait, nous étions tristes mon colocataire et moi. Nous restions là comme des cons pendant qu’elle partait travailler. Plus longue période de chômage de ma vie, décembre 2007, elle apportait le réconfort dans ce 30m² du boulevard Voltaire. Je m’attends toujours à la croiser quand dans le métro je respire l’insolence. Anecdote débile : miss Amour s’est mise à porter Insolence aussi, c’était déroutant, mon nez se sentait trahi, trompé, écartelé entre deux femmes (d’où sa taille aujourd’hui).
Hypnotic Poison / Midnight Poison de Christian Dior : Donne-moi le S, donne-moi le E, donne-moi le X, donne-moi le E ! Je remercie mes parents qui m’ont appris à résister à la tentation de sauter sur chaque fille qui sentait bon. Il paraît que ça ne se fait pas. Mais C Dior ne nous facilite pas la tâche avec ses créations… Un parfum qui aurait pu me conduire en prison plus d’une fois…
Nina de Nina Ricci : impossible de me souvenir d’elle, d’elles probablement. Je le connais, je le reconnais et il me perturbe. C’est un véritable scandale : chaque fille devrait avoir son parfum, et chaque parfum devrait évoquer une seule fille. Mais un parfum personnel n’est pas à la portée de toutes les bourses, je peux le comprendre. Il n’y a qu’une seule fille qui m’a brisé le cœur en me disant que je sentais « comme son ex, Tuscan Leather de Tom Ford ». Tu as bon goût, connard…
Alien / Angel / Lolita Lempicka : mon amie m’a demandé des parfums qui sentent le sexe, je ne peux que vous recommander ces parfums qui me font penser aux pétasses de 15-16 ans qui découvrent le pouvoir qu’elles ont sur les hommes. Confidence : les maisons closes polonaises sont sponsorisées par Thierry Mugler et Lolita Lempicka. (« C’est un ami qui me l’a raconté, etc… »).
Hot Couture de Givenchy : émois d’adolescence. Mais la fin. L’enfermement en internat, pour la première année de prépa, où je ne faisais pas grand-chose à part squatter sa chambre en espérant qu’elle me saute enfin dessus. Elle trouvait l’eau du robinet française sale et s’inquiétait des plaques qui flottaient à la surface de son thé. J’étais un stalker olfactif, j’ai failli rater mon année mais le nez a ses raisons…
Jean-Paul Gautier Classique : le buste de femme. Elle ne manquait pas une occasion de danser autour de moi pour m’hypnotiser. De préférence avant de dormir, pour me rendre fou. Juste avant de partir m’isoler pendant trois semaines avec des amis, elle a vaporisé mon écharpe de Jean-Paul Gaultier avec laquelle je dormais. Alors qu’elle était avec son autre mec, elle m’accompagnait dans mes songes, doux mensonge…
Et les parfums récents alors ? J’ai arrêté de suivre les sorties des parfums féminins, j’entraîne en ce moment mon nez sur les parfums masculins, après avoir lu le journal d’un parfumeur de Jean-Claude Ellena je me suis dit qu’il était grand temps de progresser chez les hommes.
Le parfum de ma chérie ? That’s a secret I’ll never tell…
Sélim, nez pour vous servir.