Cher ami, cher lecteur, il faut qu’on parle tendances.
Mais attention : il ne sera pas question des tendances à suivre actuellement, mais plutôt du concept même de LA TENDANCE de manière générale. J’ai eu cette réflexion en jouant avec le hand spinner d’une collègue ce matin…
En effet, alors que les modes vont et viennent avec plus ou moins de succès, il apparaît intéressant de se pencher sur ce phénomène, ainsi que notre rapport avec lui.
C’est quoi, être un homme tendance ?
Pourquoi les tendances ?
J’aurais bien répondu pour qu’on puisse se lasser, pour qu’on continue de consommer, pour que les journalistes aient des conneries à raconter… mais il faut étudier les tendances en profondeur.
Lorsqu’on regarde la chose avec un peu de recul, les tendances culturelles sont en fait aussi vieilles que l’humanité elle-même.
Qu’elles soient vestimentaires, capillaires ou musicales, elles marquent leur période au point de pouvoir rappeler une époque à elles toutes seules.
Par exemple, l’homme tendance de mon année de naissance, en 1983… La coupe masculine aux cheveux longs à la Van Halen ou Europe fait immédiatement écho aux 1980’s, alors que la plupart des hommes d’aujourd’hui préfèrent arborer des coiffures courtes comme nous le montre Schwarzkopf.
Il y a quelques années, vous aviez peut-être vu cette vidéo qui dénonçait le fait que désormais, tous les hommes avaient la même coupe à la mode !
Les trendsetters sont souvent décisifs dans l’apparition et la propagation des tendances : il s’agit de personnes influentes, généralement des célébrités, qui commencent à adopter une tendance avant que tout le monde ne leur emboîte le pas.
Chez les femmes, Audrey Hepburn et ses petites robes noires, et la fameuse « Rachel » (la coupe de cheveux popularisée par le personnage de Jennifer Aniston dans Friends).
Chez les hommes, l’homme tendance intemporel, c’est Marlon Brando et son blouson en cuir dans « L’équipée sauvage », ou la barbe de 3 jours de George Clooney, deux tendances restées dans l’air du temps jusqu’à aujourd’hui encore.
Les réseaux sociaux aussi participent beaucoup à la propagation des tendances en raison de leur nature : les images et informations s’y partagent, surtout les articles sur les coupes de cheveux des footeux, « David Beckham ne ressemble plus à ça » et autres titres clickbait.
A titre d’exemple, de très nombreuses marques de vêtements et produits cosmétiques font appel aux agences d’influenceurs pour promouvoir leurs produits auprès des followers des blogueurs mode sur Instagram.
Oui, ça m’arrive de jouer le jeu…
Faut-il suivre les tendances ?
Il est très difficile de répondre à cette question par un simple « oui » ou « non » car cela dépendra de la tendance en elle-même, mais aussi de vous.
Certaines personnes (dont l’auteur de ces lignes) rejettent complètement des marques cools, super tendance. Je ne bois pas de Coca, je n’utilise pas d’Iphone : pas par snobisme, mais juste pour éviter de faire le mouton et suivre bêtement une tendance.
Mais connaissez-vous le phénomène psychologique nommé « preuve sociale » ? C’est très simple.
Face à deux restaurants voisins, A et B, qui proposent sensiblement les mêmes cartes, choisirez-vous A, ou trois couples dînent déjà tranquillement, ou B, complètement vide ?
Il y a fort à parier qu’en suivant votre instinct grégaire, vous vous rendiez dans le restaurant A, qui a déjà fait « ses preuves » socialement. Et parce que le groupe rassure, vous irez dîner chez A.
Ce principe est applicable dans le cas d’une recherche de solution à un problème, mais aussi dans le cas des tendances culturelles, que vous allez adopter pour faire partie d’un groupe (oui, les vilains fumeurs qui commencent au collège ou au lycée, je parle de vous…
Bien que la plupart des tendances ne posent pas de problème en soi (le jean slim, les Stan Smith, ou même la Tecktonik de 2007), certaines s’avèrent être relativement populaires en dépit de leur nocivité.
Rappelez-vous du phénomène Neknomination devenu viral en 2014 chez les ado : le principe était de consommer une grande quantité d’alcool devant sa caméra, puis de publier la vidéo sur Facebook en « nominant » trois personnes qui devaient ensuite faire de même.
Face à cette tendance dangereuse ayant même provoqué plusieurs décès, il fallait alors résister au phénomène de preuve sociale.
Pas toujours évident de « dire non », en soirée, quand on vous passe un joint. Je me souviens d’une soirée de Nouvel An où j’étais le seul à ne pas toucher au vieux pétard dégueu qui passait de bouche en bouche.
Dire non, c’est s’affirmer, mais c’est aussi prendre le risque d’être exclu du groupe, en ne suivant pas le troupeau…
Tout cela signifie-t-il qu’il est mauvais de suivre une tendance ? Absolument pas : comme dit précédemment, nombre d’entre-elles sont absolument bénignes.
Mieux : elles peuvent même s’avérer bénéfiques pour vous, par exemple en mettant en lumière une idée vestimentaire qui vous va à ravir mais à laquelle vous n’aviez jamais pensé.
Ou en adoptant le jargon de l’entreprise dans laquelle vous travaillez pour mieux vous intégrer.
Votre rôle est alors de faire preuve d’esprit critique et de réfléchir à la pertinence des tendances que vous observez par rapport à votre personnalité pour ensuite décider si vous souhaitez les suivre ou pas.
Se sentir différent
Alors que les tendances sont par définition populaires auprès d’un grand nombre d’individus, d’autres hommes chercheront à se tenir éloignés de tous les phénomènes populaires par volonté de différenciation.
Cela est à première vue compréhensible : on peut avoir l’impression de « perdre » en tant qu’individu en se conformant à une tendance, en faisant comme tout le monde.
Toutefois, en rejetant un style musical ou vestimentaire avec sa popularité comme simple raison, il est possible de se priver de choses que l’on aurait réellement appréciées en tant que personne si l’on avait ignoré ce facteur « popularité ».
Confession intime : j’ai découvert Lost à la fin de la diffusion de la première saison sur TF1, parce que je ne voulais pas faire partie du troupeau.
Pareil pour Game of Thrones : alors que je suis aujourd’hui vraiment fan, j’ai commencé à regarder la série au moment de la diffusion de la saison 2… juste pour ne pas suivre la tendance trop tôt… belle connerie !
Ainsi, ce comportement de rejet par volonté de différenciation est paradoxal : en rejetant un élément par volonté de se tenir éloigné du conformisme, on laisse justement les autres décider des choses que l’on doit apprécier ou pas.
En d’autres termes : même si vous cherchez à vous tenir loin des grandes influences, vous restez influencé par celles-ci.
Il n’y a donc aucune honte à adopter une tendance qui vous a tapé dans l’œil : dites oui à celles qui vous plaisent, et non à celles qui ne vous plaisent pas.
Tout simplement. Vous laisserez ainsi parler votre propre personnalité, et c’est le résultat que vous obtiendrez de cette manière qui fera de vous quelqu’un d’authentique, quelqu’un d’unique.
PS : les dadshoes ignobles, ça reste non, n’insistez pas. Le dadbod non plus…
Sélim