Dans la salle, pas un bruit en attendant que l’orchestre lâche les premières notes. La soprano attend, et regarde l’audience. Un public peu nombreux dans une salle prestigieuse, la sublime Appel Room. L’entrée se fait par un centre commercial, un mall situé au coin sud-ouest de Central Park, à Colombus Circle.
Dans l’ascenseur qui mène au 5ème étage, un jeune con raconte à sa date du soir l’histoire récente et les péripéties financières du NYCO, le New York City Opera, aussi appelé l’Opéra du Peuple ici, qui renaît de ses cendres sous la direction de Roy Niederhoffer…
En 2013, coup de tonnerre : le New York City Opera annonce être dans la dèche, et ne fêtera pas ses 70 ans en 2014. Plus assez de dollars, les dettes s’accumulent, et le Kickstarter ridicule ne sauvera pas l’équipe dirigeante : le New York City Opera cherche des repreneurs.
Le nouveau board, présidé par le chairman Roy Niederhoffer démarre fort pour relancer l’intérêt du public. Investir de nouveaux lieux comme la Appel Room, et utiliser les décors et les costumes d’époque (1900 pour la première à Rome) pour Tosca en février.
Le programme pour la saison 2016-2017 du NYCO devrait bientôt être annoncé… Surprises probables à venir ! (et pour le moment, Google Maps annonce l’endroit comme “définitivement fermé” :))
En attendant, c’était un des concerts qui marquaient le retour du New York City Opera, et j’étais bien décidé à en profiter pleinement pour me détendre.
(Ceci est une photo de la Appel Room honteusement braquée sur Google. Pas de batterie lors d’un concert d’opéra…)
“There’s a storm coming, Mr Wayne”, annonçait Selina Kyle à Bruce dans The Dark Knight rises. J’ai certes pris les places les moins chères, je suis en haut, mais je ne suis qu’à une dizaine de rangs de la scène.
- La lumière sur scène, les ténèbres dehors.
- L’harmonie dans la salle, les taxis, voitures, bus dans la rue.
- L’élégance européenne d’un Shakespeare au 5ème étage contre le joyeux bordel de Ford, General Motors et Toyota en bas.
- La précision de chaque note et le calme face au bruit et à la fureur désorganisés des sirènes et des klaxons.
- Le confort de la salle et sa chaleur pour observer l’orage qui éclate au bout de la 59ème rue.
- L’Appel room intimiste et minimaliste face au gigantisme des gratte-ciels avoisinants, et entre les deux, tels un arbitre, la statue de Christophe Colomb qui trône au milieu du rond-point.
Je n’ai pas vu le temps passer une seconde pendant la première mi-temps, entre les performances de Kirstin Chavez et Sarah Shafer. Après l’entracte, ça s’est compliqué, il y a eu moins d’actions, moins de buts pour la première mondiale de “Sunday Morning” de David Hertzberg.
Pas eu le temps d’assister à la réception, j’ai Haribo qui m’attend à la maison pour sa promenade nocturne. Je me dis que j’ai de la chance d’avoir vécu un moment pareil, et je ne bronche même pas quand je rentre dans un appartement dévasté par le chien-renard !
La méditation et la musique classique, ça vous change un homme, je vous le dis… Allez, une dernière photo pour la forme !
Sélim, happy !