J’ai été super content de recevoir une invitation de la part de Canal+ la semaine dernière. Au programme : la découverte de BARON NOIR, la dernière-née des créations originales de la chaîne cryptée.
Je m’étais déjà régalé devant Le Bureau des Légendes, Braquo, Pigalle, la nuit et je ne savais pas trop quoi regarder ces jours-ci comme série TV. L’invitation pour le pilote de Baron Noir tombait à point nommé ! Verdict ? Est-ce qu’en France on a les couilles et les moyens de raconter la politique de manière réaliste et passionnante ?
“So far, so good”, voilà mon impression à la fin de l’épisode 1. Alors oui, on m’a demandé si voir la tronche de Kad Merad ça ne gênait pas l’immersion dans le trip politique.
Rassurez-vous, Jean-Michel à peu près est oublié. Sortez-vous de l’esprit tous les rôles de comique de la moitié basanée de Kad & O : en politicien torturé et manipulateur, monsieur Merad fait le job à merveille.
Lors de la projection, le producteur était présent et nous a expliqué que pour la France, c’était une première à l’écran.
D’habitude, quand on montrait la politique dans une série ou dans un film français, on ne nommait jamais vraiment les partis, on faisait des allusions ou on renommait les partis, mais ni le PS, ni les Républicains ni aucun autre parti n’était expressément nommé. C’est chose faite avec Baron Noir, qui veut s’ancrer dans la réalité de la politique, et pas dans une politique fantasmée et froide, à la “House of Cards“.
Nous avons eu la chance de poser des questions à l’un des deux scénaristes présents lors de la projection du pilote. J’ai demandé à Eric Benzekri quelles étaient ses séries politiques préférées, j’ai volontairement évité les mots “source d’inspiration”. Ses réponses : “The West Wing”, “Borgen” et”1992″ que je dois avouer ne pas encore avoir vue. (J’avais écrit ici un top 10 des meilleures séries politiques pour devenir le BOSS)
Bien évidemment, nous attendions ces réponses… et l’absence de House of Cards est surprenante, mais pas tant que ça quand on comprend le parcours d’Eric Benzekri, qui a été au plus proche de certains ténors du Parti Socialiste pour qui il écrivait des discours. (Spoilers : les personnages principaux incarnés par Niels Arestrup, Kad Merad et Anna Mouglalis à la voix si envoûtante sont encartés PS, l’opposition sera donc “bleue”).
L’épisode 1 de Baron Noir fait du bien, va vite, est bien ficelé et très rapidement les enjeux sont posés. Le candidat à la présidentielle Francis Laugier, interprété par Niels Arestrup, doit éviter à tout prix d’être mouillé par un scandale dans lequel Rickwaert (Kad Merad) le député-maire de Dunkerque risque d’être trempé…
En guerre contre son mentor au Parti Socialiste, et potentiel Président de la République, Rickwaert sera-t-il lâché ? “Baron noir” comme mouton noir, comme “caisses noires” et financement occulte ? Ou “Baron noir” comme “Dark Knight” ? Ce titre énigmatique trouve un début de réponse dans la scène finale de l’épisode. Prêt à tout pour survivre et réussir, le personnage de Rickwaert, député-maire de Dunkerque donne le ton de cette série qui sent le sang.
J’ai vraiment hâte de voir les prochains épisodes ! L’écriture est virile, les personnages se parlent mal comme dans un combat de cocks et on n’a aucun mal à adhérer quand on entend un conseiller expliquer à Rickwaert qu’il a sur lui un dossier “gros comme sa bite”.
La question du sexisme en politique a évidemment été posée par les journalistes de Madmoizelle présentes dans la salle, et l’actrice et l’auteur ont tenu à rassurer le public féminin : les femmes ne sont pas oubliées dans Baron Noir, et à mesure qu’elles gravissent les échelons, leurs dents et leur appétit s’aiguiseront… A la manière de Brigitte, premier Ministre dans la merveilleuse série Borgen ?
“Nous avons choisi le Nord parce que c’est la fin d’un monde qui s’y joue. C’est la fin de l’industrie et la fin de la base sociologique et idéologique d’une région. Rickwaert est dans ce monde perdu”, explique Eric Benzekri. “Nous avions la volonté de témoigner de cela. Pour Rickwaert, la politique c’est toute sa vie. Si on lui enlève, il meurt”.
Dernière révélation croustillante lors de cette projection du premier épisode de Baron Noir : le projet est né en 2012, et a donc mis quatre ans à arriver sur nos écrans ! Pouvoir parler de séries et de storytelling avec un passionné, ce qu’est Eric Benzekri : je dis merci Canal+ et merci No Site pour l’invitation !
Comme d’habitude, je vous dirais bien de ne pas regarder la bande-annonce ci-dessous, mais si vous êtes pressé, go for it ! La diffusion de Baron Noir sur Canal + commence lundi 08/02/2016 !
Pfff, encore une série, ça n’arrête pas ! Qualité ou pas, je crois que rien ne vaut un bon film.
C’est différent, cher Marginal.
L’exercice n’est pas le même quand on imagine un arc narratif sur toute une saison, ou quand on travaille sur deux heures de film.
J’ai un profond respect et une vraie admiration pour le travail effectué par les scénaristes de séries TV !